jeudi, mars 09, 2006

“La photographie d'un être aimé fait voir le visage d'un être que vous n'avez jamais vu.”


Je vous ai déjà parlé de M. Assenmaker. Et ce n'était pas un acte manqué, car je comptais bien vous en conter plus. Un cours assenmkerien n'est pas une mince affaire surtout le matin. Surtout si vous êtes une fois de plus confronté au grotesque belge quand on vous met devant le nez au feutre rose fluo qu'un cours aura bien lieu exceptionnellement dans la salle habituelle. Mais revenons au cours de ce matin. C'est un spectacle, que dis-je, une expérience même ! Ce qui est étonnant c'est que je ne connais pas bien le visage de M. Assenmaker. Il est loin de moi. Quelque chose de l'ordre du supérieur me fait m'installer toujours au fond de l'auditorium. Et ce n'est pas plus mal comme ça. Je profite de l'expérience avec encore plus d'attention. Je vois un petit homme s'agiter, tourner tout son corps au fil de sa pensée, appuyer ses phrases de gestes théâtraux, le tout baigné dans une lumière intime, digne de la lampe de chevet et de la lumière blanche d'un printemps qui ne vient désespérément pas. Quelque chose m'a touché ce matin. Nous voyagions dans les terres inconnues de la photographie contemporaine. Quelque chose me touche dans le regard de M. Assenmaker, pourtant il semble marquer une distance entre son discours et nous, mais ceci n'est qu'apparence. Il y a quelque chose d'intime dans son spectacle. Des mots nous sont adressés, à nous être humains, à moi. En fait, je pense qu'il me parle. Il me dit vois ! Il me dit as tu vu ce film ? As tu lu ce livre. Non, M. Assenmaker mais racontez moi je vous en prie. Il y a un détail que je n'ai pas pu voir, mais que Nathalie, installée plus près, m'a fait part, M. Assenmaker a rougi ce matin, en nous parlant d'un histoire d'amour. M. Assenmaker est un homme. Un homme sensible, un homme qui s'exprime devant moi, et qui s'arrête parfois, toujours à temps, pour me laisser réfléchir. Quelque chose m'a touché ce matin, les mots n'étaient pas de lui, mais ils m'ont touchée. La photographie d'un être aimé fait voir le visage d'un être que l'on a jamais vu. Je l'avais ressenti hier, c'est une pensée, un sentiment qui m'avait traversé, quelque chose de diffus, issu de la pensée en continu, qui m'avait ému, mais que j'avais oublié pour mieux resurgir ce matin. J'avais vécu, j'avais fait l'expérience moi-même ce qui semblait être la photographie pour M. Assenmaker. Quelque chose qui fait voir, quelque chose qui est en relation avec l'amour. Quelque chose qui vous remet à l'instant même où vous découvrez un visage qui vous intrigue, qui vous trouble, quelque chose qui vous semble être étranger et familier. Quelque chose que peut-être vous recherchiez sans le savoir réellement. J'ai vu un homme un photo hier. Une photo que j'ai prise il y a quelques jours. Je l'ai vu et je me suis dit c'est un homme. Pour tout vous dire c'est mon homme. C'est lui, il vit, il respire, son coeur bat, il est quelque part où j'ai été. J'observe cet homme tous les jours comme une photographie. Il bouge, il est mon spectacle de tous les jours. La photographie vous plonge dans un passé proche et troublant. Alors depuis je ne pense plus qu'à cette image. Je ne veux pas être près de lui, je veux juste le voir. Hier je ne l'ai pas vu dans mon imaginaire, je ne lui ai pas rêvé une vie comme je peux le faire parfois, je l'ai vu, j'ai apprécié son vivant. Savoir qu'il est vivant, quelque part. Cette image me fait tenir chaque jour loin de lui. Je sais qu'il m'attend et moi, je l'aime.

5 Comments:

Blogger Denis Nunez said...

Une fierté légitime (?) en lisant le texte assenmakerien,
cette petite fille que j'ai connue à plusieurs époques de sa vie, ma fille, qui écrit comme j'ai toujours rêvé qu'un jour j'écrirais, peut être, alors, ai je un peu contribué, un peu, à la construction de ces pensées, et que le meilleur de moi même c'est désormais elle qui le fait vivre...
continues !

9:14 PM  
Anonymous Anonyme said...

beau texte Pauline

4:41 PM  
Blogger valise said...

Beau commentaire Jonathan

8:00 PM  
Blogger valise said...

Trèves de plaisanteries : beau texte Pauline

8:00 PM  
Blogger Gribbsie said...

Amusant et émouvant de te voir te livrer autant... c tjs un plaisir de te lire

1:07 PM  

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